Othello, mon mari, brave et puissant, affranchi.
Pourquoi cet aveuglement face au mal et au dolent?
Quel non–dit te mène à présent dans tes gouffres?
Que n'ai–je pu refermer dans quoi tu t'enfermes?
Quel est le poids d'une parole face à la rage sourde?
La lame brandie luit et s'abat.

On tue aussi de douleur et d'erreur. Mais on tue d'abord parce qu'on possède.
Non! On dirait que je choisis, que je m'échappe, que je m'éloigne, que je m'affirme. On dirait que je dis non à Othello et oui à moi–même. On dirait que loin de la mer je reprends ma terre.


On dirait que je tiens. Par le refus, affirmant un être et un devenir dont la maternité n'est qu'un fragment. Celle qui doit? Non pas, celle qui donne. Celle qui tonne, celle qui pèse de son poids. Et encore, dans sa chair, celle qui perçoit, celle qui personne, se dresse.

On ne peut enfermer l'eau sans la faire croupir. On ne peut que la faire circuler, composer, tisser, un métier imaginaire plutôt qu'un musée. Et un drap, une toile, un mouchoir, c'est deux faces pour tailler, pour séparer, pour se lever et pour lever. Des filiations, des espaces, des marches, des milliers.

Il y a l'éphémère, la fragilité de la forme qui vient pour elle–même. Il y a celle qu'on admire comme oeuvre, prétexte, démonstration de faire et de liberté, une parmi une multitude de formes, allant crispant, distordant, maniérant, si elle ne peut s'en retourner à l'eau et à l'ici.

On dirait qu'on aurait confiance dans le possible et non peur de la perte. Il n'est pas question que je sois ta moitié, il n'est pas question que tu sois un moi–même. Tu es comme je suis un autre radical, enraciné, lié et séparé. Tu es comme je suis un inédit, inouï, un être.

"Créer, non posséder. Oeuvrer, non retenir. Accroître, non dominer."
Consentir : se dire oui à soi–même. Pour mieux ouvrir, ne pas se suffire, ensemble s'enrichir et nous grandir.

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