Vous êtes là.
Vous êtes là? Ou vous êtes ici? Ou bien encore, vous êtes de passage, cheminant, chemineaux, simples voyageurs, voyageurs précaires, allés à — ici jetés, comme des dés, et l'aléa nous jette ensemble ici.

Ici ou là, en visite.
On dirait que ici, c'est un muséée imaginaire, d'images suspendues, de mémoires, de sensations, d'inscriptions. De souvenances à la fois éloignées et proches, intimes mêmes, marquées dans le corps, intégrées dans la chair. Un musée. Figé. Où toute circulation est celle que nous faisons en passant.

Ici quelques oeuvres posées sous le regard. Le regard qui oriente, définit, exclut. Le regard est une autorité ou un point de départ.

Nous avons là trois imaginaires, et quelques traces.
Un imaginaire archaïque, appelant les sens, ouvrant à une explication du monde. Son temps est infini.
Un imaginaire de représentation, une fiction où l'on se projette, décrivant le monde tel qu'on le souhaite. Son temps est circonscrit, il est commun à un milieu et à un moment.
Un imaginaire de formes multiples, de concepts imaginaux, racontant le monde tel que perçu par celui qui crée, tout–puissant, forcément, résolument contemporain. Et éphémère, ou figé, puisque ce temps est un ici et maintenant.

Et le fil du temps pour boucler le cycle. Et la vie nue, sous–jacente, dans ses multiples déclinaisons selon l'ordre, le regard, qui la refoule, la contraint, la confronte. Le temps et le cycle, dont se détache comme une triade génération féminin et nature, ce qui porte le fruit dont on se nourrit pour : retourner, revenir, tracer, sourcer et se ressourcer. Bâtir autour de cette figure — femme? — à la fois très incertaine et très sûre. Cette autre, cette vivante, qui nous échappe et nous permet d'habiter le bâti, et dont on attendrait un oui, inconditionnel, absolu, renvoyant au néant tous les non comme on imagine la lumière sans ombres, sans objets, ni sujets, ni profondeurs.

Au fond de quoi parle–t–on?
Plongeons dans la forme.

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