On dirait que ce serait si simple. Le mouchoir est vu, il est lu, ses plis se déplient et parlent : Iago a tout fomenté. Par jalousie, par racisme, peu importe, il est cerné et bouté hors de l'histoire.
Juste, Othello prend conscience et soin de cette fragilité qui est la sienne et qui le ronge autant qu'elle le met en mouvement. Il ne me tue pas, et entre Chypre et Venise l'eau ne se fige pas.
Bien sûr il n’y a plus d'histoire, plus rien à raconter, juste à vivre et à savourer. Et quand on est vu, légitimé pour ce qu'on est, on peut se séparer, les liens existent.


Dans mon jardin. Ici je ne donne pas mais je prends, l'espace, le déploiement. Je deviens, je m'éloigne. Plus de replis, plus de dénis, plus de violences, je passe d'objet à sujet et je danse.
La seule fusion générative est avec soi–même : bthulta. Il n'est pas de dos sans visage. Bthulta. Pas de rôles sans être, pas d'envers sans endroit, pas de oui sans non. Bthulta.

Ici un fruit. Grand–mère dis–moi, toi à quoi tu as dit oui ? Oh avant d'être, avant de me connaître, ce n'était pas des oui vraiment, des méprises plutôt, tu sais comme quand on se parle en se croisant on ne se parle pas vraiment. Tiens regarde ce papillon, dans la pleine lumière on ne voit que son ombre, et à l'ombre à peine si on le voit. C'est dans les entre–deux qu'il déploie tous ses chatoiements.

Là, tiens–toi, debout, là et ici. On peut être sans être vue, mais pour exister il faut l'être, être vue pour ce qu'on est, pas pour ce à quoi on sert.
Le plus grand mystère c'est la naissance. La question n'est pas d’accepter de mourir, mais d'accepter d'être née, et d'être née soi. La plus grande grâce c'est le désir, de vivre, de rendre vivant ce que j'approche, de saluer l'existence de l'autre, de remercier en choisissant mes oui et mes non.

C'est cela qui est beau : pour habiter ici il faut le courage de se séparer, de s'affronter, d'être vraiment soi–même. Et si, on dirait que le oui serait juste une invitation donnée à cheminer, et le non un constat : nous ne sommes pas encore arrivés, continuons.

Bthulta, ça veut dire le coeur non–divisé en syriaque. C'est le mot, le seul écrit, qu'on a traduit par vierge. Qu'est–ce qu'on peut être drôles des fois.

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