C'est une histoire de toiles. A croire qu'elle me résume. Toiles de petites ou de grandes tailles pour coucher, bercer, soigner, habiller, parer, préparer. Mais que m'est–il reproché?
Depuis notre sortir de la mer je baigne dans la sensation confuse et aigre que l'histoire qui se raconte n'est pas la mienne. Qu'un jeu est déjà en place et que quoi que je fasse, je le nourris et m'y enchaĆ®ne. Sans pouvoir y voir clair.
C'est une histoire voilée d'un simple mouchoir. Othello me le demande et je ne sais où il est, et je ne sais de quels soupçons il est rongé?


La violence conjugale est une prise d'otage de l'intime qui interdit de savoir dire non et de pouvoir dire oui. Un déni d'existence. Un anéantissement de l'être. Ce n'est pas seulement le féminin qui est visé, c'est aussi ce qui représente la construction culturelle de ce corps.

La tradition du voyage de noces dit en substance que la défloration ne peut avoir lieu que "nulle part". Les dogmes mariaux s'inscrivent dans de longs siècles de développements de l'imaginaire autour de la vierge–mère. Les deux font partie de nos bagages et composent des rôles du féminin. Il y en a d'autres.

Il y a la représentation, la forme que l'on modèle pour séjourner ici. Il y a celle qu'on admire comme beauté, harmonie projetée, attendue, ou jugée due.
De quoi suis–je tributaire dans ce modèle fusionnel et contraint, de quel vertige, de quelle rage de soumission oblitérant la puissance du vivant?

Je suis comme mise à distance là à partir d'ici, in–formée par la représentation donnée de celle qui dit oui. Car dans un rôle il n'y a pas de oui ou de non, il n'y a que des dedans et des dehors. Des enfermements et non des ouvertures. Des exclusions et non des soi inclus.
Mais le oui ne peut être un oui aux dénis. Ici serait plus juste un non qui porte l'ouvert et l'incarné.

Un non, nommé, qui permette que le germe, le corps, éclose et prenne sa place. Que les deux faces dialoguent et que le récit s'ouvre. Que sur le drap qui sert à tous, maculé, éclatant, se déploie ce qui est marqué, ce qui va sédimentant. Et qui raconte : la mère, l'enfant, le père, et l'autre. Enfin.

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